دورية أكاديمية

Godard et Gorin, marxistes « tendance Groucho »

التفاصيل البيبلوغرافية
العنوان: Godard et Gorin, marxistes « tendance Groucho »
المؤلفون: Jaudon, Raphaël
المصدر: Mise au pointOpenAIRE.
بيانات النشر: Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audiovisuel, 2017-05-02.
سنة النشر: 2017
مصطلحات موضوعية: cinéma politique, Mai 68, humour, groupe Dziga Vertov, Jean-Luc Godard, political cinema, May 68, Dziga Vertov group
الوصف: Parmi les films du groupe Dziga Vertov, collectif marxiste-léniniste dirigé par Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin entre 1967 et 1973, il en existe deux qui échappent naturellement à l’accusation d’austérité qui vient habituellement s’attacher aux productions du cinéma militant. Il s’agit de Vladimir et Rosa (1970) et de Tout va bien (1972). Si ces films méritent de retenir notre attention, c’est qu’ils font le pari d’une puissance subversive du comique sans pour autant dissimuler leurs influences politiques radicales ou leur goût pour la théorie. Une scène hétérogène sur laquelle se côtoient les contraires : rire populaire et théorie de la lutte des classes, gestuelle burlesque à l’américaine et radicalité des figures expérimentales, Karl Marx et les Marx Brothers. Si le passage au registre comique a considérablement opacifié la réception de ces deux films, c’est qu’il coïncide avec une certaine réévaluation de l’idée même de cinéma politique. Prenant conscience de la difficulté qu’il y a à concilier des images et des concepts, Godard et Gorin abandonnent le point de vue surplombant que leur offrait la théorie pour plonger dans la matérialité et dans l’humanité des luttes. Ils évitent ainsi l’écueil majeur du cinéma militant de leur époque : le didactisme, qui suffit en général à couper totalement les films de leur public cible. L’humour est un langage qui passe pour être plus naturel aux oreilles de la classe populaire, mais il correspond surtout à une modalité bien précise du discours, propice à imposer une relation plus équitable entre l’auteur et le spectateur. À travers leur réappropriation marxiste de la tradition burlesque (représentation des cinéastes en idiots, déguisements, sketchs, utilisation d’accents régionaux, gestuelle extravagante, humour absurde, etc.), Godard et Gorin travaillent ainsi à transformer leur pratique du cinéma au nom d’un principe d’autodérision qui n’oublie pas ses racines marxistes. Sur le plan figuratif, l’humour pourrait bien être l’instrument par excellence de cette politique du cinéma qui déjoue la puissance des forts et institue la compétence des faibles, en humanisant les premiers et en offrant aux seconds le corps qui leur était refusé dans l’ordre social. Car l’idée d’être marxiste « tendance Groucho » n’est pas simplement un célèbre trait d’esprit de Mai 68, c’est aussi la formule d’un programme esthétique ambitieux : celui d’un cinéma parfaitement démocratique, dans son discours comme dans ses formes.
Among the works of the Dziga Vertov group, a Marxist-Leninist collective headed by Jean-Luc Godard and Jean-Pierre Gorin between 1967 and 1973, two films could easily dismiss the common charges of puritanism led against militant cinema: Vladimir et Rosa (1970) and Tout va bien (1972). Both films are remarkable for reconciling radical political philosophy, an appetite for theory, and the subversive power of comedy. Both give birth to a scene for opposites: popular jokes and class struggle, American burlesque and experimental figures, Karl Marx and the Marx Brothers. Given the sense of humour, the reviews of the two films were not that positive. But their purpose was precisely to reconsider the very definition of political cinema. While becoming aware that one cannot turn concepts into images so easily, Godard and Gorin broke free of the vertical diagram they once found in theory, and dove into militant struggles in a more physical and human way. They thus avoided one of the most frequent pitfalls of the militant films of their time: didacticism, which often widens the gap between the filmmakers and their target audience. Not only can humour be seen as a more natural language to be heard by people of the lower class, but it also represents a specific mode of discourse that requires a fairer relationship between the author and the spectator. The way Godard and Gorin offer their interpretation of the burlesque tradition (self-portraits as idiots, fancy dresses, sketches, regional accents, ridiculous gestures, absurdist humour, etc.) enlightens their cinematic practice in agreement with a principle of self-mockery that can be seen as Marxist. On a more figurative level, humour is the ultimate agent of their cinematographic policy. It denigrates the powerful, by putting the accent on their bodily structure, and sets up the proficiency of the weak, by offering them a place and a function in the social space. Thus the idea of being “a Marxist of the Groucho variety” is not only a famous May ’68 witticism, it is also the formula of an ambitious aesthetic program: the development of a discursively and formally democratic cinema.
نوع الوثيقة: Article
اللغة: French
تدمد: 2261-9623
Relation: http://journals.openedition.org/map/basictei/2323; http://journals.openedition.org/map/tei/2323
DOI: 10.4000/map.2323
URL الوصول: http://journals.openedition.org/map/2323
رقم الأكسشن: edsrev.911CE163
قاعدة البيانات: Openedition.org