Introduction: Assumer l’écart incommensurable entre poétique et politique du témoignage

التفاصيل البيبلوغرافية
العنوان: Introduction: Assumer l’écart incommensurable entre poétique et politique du témoignage
المؤلفون: Ekorong, Alain Fleury, Ngamaleu, Armel Jovensel, Premat, Christophe, 1976
المصدر: Poétiques et politiques du témoignage dans la fiction contemporaine Comparatisme et Société / Comparatism and Society. :13-26
مصطلحات موضوعية: témoignage, fiction, mémoire collective, serment, parjure, document, romanska språk med inriktning mot franska, Romance Languages, Specialisation in French
الوصف: J’ai passé ma première nuit de voyage à reconstruire dans ma mémoire le côté de chez Swann et c’était un excellent exercice d’abstraction. Moi aussi, je me suis longtemps couché de bonne heure, il faut dire. J’ai imaginé ce bruit ferrugineux de la sonnette, dans le jardin, les soirs où Swann venait dîner. J’ai revu dans la mémoire les couleurs du vitrail, dans l’église du village. Et cette haie d’aubépines, seigneur, cette haie d’aubépines était aussi mon enfance. J’ai passé la première nuit de ce voyage à reconstruire dans ma mémoire le côté de chez Swann et à me rappeler mon enfance (Semprun, 1963 : 42).Et voilà l’essentiel du message testimonial qui passe dans le sang de la réalité à travers l’épiderme de la fiction (Derrida, 1998)Dans le premier extrait, Jorge Semprun, survivant de l’Holocauste, réécrit cette première phrase de Proust pour évoquer le destin du souvenir. Le livre porte ainsi sur un narrateur se souvenant, l’effet de mise en abyme permettant d’installer le lecteur à la place du témoin de ce récit autobiographique. En effet, il s’agit bien ici de témoigner de l’indicible à partir de l’insertion de références littéraires accompagnant ce récit. Comme le rappelait Jorge Semprun dans un entretien, « quand j’ai écrit Le Grand Voyage, je l’ai fait avec l’innocence des déportés qui ont vécu le camp nazi » (Alliès, 1994 : 28). On sent bien ici la manière dont le témoignage individuel est relié à une mémoire collective, celle ←13 | 14→des déportés qui sont revenus et dont le défi immense était de rapporter les horreurs innommables qu’ils avaient vécues (Halbwachs, 1994). Le choix de la fiction est moins dû à une volonté d’esthétiser cette narration historique, qu’à un souci d’efficacité dans le montage de cette écriture. Dans cet ouvrage, Jorge Semprun utilise le futur du passé de manière systématique, car comme il l’écrivait, la génération de la Shoah avait pour mission d’être l’avenir d’une mémoire (Premat, 2018 : 194). Il s’agissait d’effectuer un choix entre l’écriture comme possibilité de relayer des témoignages individuels et collectifs et la vie comme disposition à l’oubli.
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